Bonjour à tous,
Cela faisait quelques mois que je n’avais pas eu l’occasion d’organiser une nouvelle interview d’auteur pour le blog. Suite à mes échanges avec Lynda Guillemaud et à la visite de son site Internet, il m’a semblé incontournable de vous présenter son parcours ainsi que ses romans. Avant de nous lancer dans le vif du sujet, voici le synopsis de son roman Le Vent des lumières, le premier tome d’une duologie de fiction historique.
Bretagne, 1778. Pour échapper à la vie monotone que sa mère lui destine, une jeune aristocrate s’enfuit, déguisée en garçon, à bord d’un bateau de commerce, alors que la France vient de s’engager dans la guerre d’indépendance américaine. Sa rencontre avec le duc de Flogeac, riche armateur bordelais qui s’éprend d’elle, va changer sa vie.
De Lorient à Versailles, en passant par Saint-Domingue et Bordeaux, Éléonore va côtoyer Louis XVI et Beaumarchais, rencontrer Condorcet, Olympe de Gouges, Calonne, Vergennes, La Fayette…
Elle devra lutter, parfois contre elle-même, pour garder son indépendance dans un siècle où les femmes n’ont pas encore droit de cité, alors que les dernières lueurs du siècle des Lumières annoncent la Révolution française.
L’idée de départ était de raconter l’Histoire à travers une petite histoire… celle d’Éléonore, aristocrate bretonne en avance sur son temps, têtue (comme un bretonne), indisciplinée (comme un homme) et attachante (comme une femme). C’est l’occasion de rencontrer des hommes et des femmes qui ont fait l’Histoire, notamment Louis XVI, roi mal aimé, mal compris, mal connu.
Si l’auteure a parfois prêté à des personnages historiques des paroles ou des actes nés de son imagination, elle a essayé néanmoins de respecter une certaine véracité historique afin de faire vivre (et comprendre ?) au lecteur une époque charnière de notre histoire.
L’écriture est une activité que tu pratiques depuis ton adolescence, mais c’est véritablement depuis 2014 que tu t’es lancée dans des projets plus importants. Peux-tu nous en dire un peu plus sur ton parcours, sur tes influences et sur ce qui t’a poussée à partager tes écrits ?
Comme beaucoup de personnes, j’ai commencé en effet à écrire à l’adolescence, mais j’ai continué bien après ! J’ai toujours aimé lire et écrire, ma matière préférée à l’école était l’Histoire. Je suis tout de suite partie sur le format “roman” – je savais qu’une nouvelle serait trop courte pour moi.
J’adore les auteurs “classiques” (Flaubert, Zola, Maupassant, Hugo…) et les essais sur la philosophie et l’histoire des idées (Barthes, Debray…). Mais j’ai aussi des lectures plus “basiques”, on va dire de divertissement. Les fictions historiques m’ont beaucoup influencée, que ce soient des livres ou des films : la série Angélique, Autant en emporte le vent, les romans historiques de Juliette Benzoni, Alexandre Dumas, Paul Féval (Le Bossu), etc. J’ai commencé avec de la fanfiction, même si à l’époque ça ne portait pas encore ce nom, en écrivant à ma sauce une histoire inspirée des romans d’Anne et Serge Golon.
J’ai toujours visé l’édition, depuis le départ. Pour moi, un écrivain c’est quelqu’un qui publie, dans le sens de partager ses écrits avec un public. Quand j’ai commencé, il n’y avait point de salut en dehors de l’édition traditionnelle, j’ai donc joué au jeu du manuscrit par la poste (en vain). Puis l’auto-édition a pris de l’ampleur, mais je ne me sentais pas légitime pour publier “n’importe quoi”. En 2014, j’ai gagné un prix au concours d’écriture organisé par l’atelier d’écriture en ligne Draftquest et la plateforme d’auto-édition Librinova. Le prix consistait en l’auto-édition du roman. J’ai foncé. Aujourd’hui j’ai vendu un peu plus de 12 000 exemplaires (tous romans confondus, papier et numérique).
Avec tes 5 romans déjà publiés ou auto-édités, tu as pu expérimenter plusieurs genres littéraires, à savoir la fiction historique, la littérature contemporaine et le fantastique. Pourquoi avoir opté pour ceux-là en particulier ? Qu’est-ce qui te plaît dans ces univers si distincts ?
Je ne sais pas s’il s’agit réellement d’un choix délibéré. J’ai fonctionné par appétence et par mimétisme. J’aimais lire des romans historiques, j’aimais l’univers fantasy de Tolkien, les nouvelles à tendance fantastique de Poe et de Maupassant. Je pense que ces genres se sont imposés à moi plus qu’autre chose, il n’y a pas de stratégie délibérée. En revanche, j’aime changer de style en passant de l’historique au contemporain d’un roman à l’autre.
Ce que j’aime dans le roman historique, c’est de faire découvrir des pans de l’Histoire ou des personnages historiques aux lecteurs, mais sans en avoir l’air. J’adore quand un lecteur me dit qu’il a appris plein de choses en lisant mon livre !
Mes romans à tendance fantastique (ils ne le sont pas pleinement au sens littéraire du terme) sont représentatifs de ma propre interrogation sur le paranormal et le mysticisme : je suis une terrible rationaliste pragmatique, je ne souscris jamais aux histoires de fantômes, je ne suis pas croyante… et pourtant je suis happée par une ambiance particulière en forêt de Brocéliande, j’aime penser qu’il n’y a pas de hasard et l’atmosphère d’une église ou d’un cloître me prend aux tripes. Je suis un peu ambivalente. Ou peut-être schizophrène !
Y aurait-il un autre genre littéraire que tu aimerais expérimenter à l’avenir ? Si oui, lequel ?
Je ne m’interdis rien, mais je doute qu’un jour j’écrirai du policier ou du thriller. C’est un genre littéraire que j’affectionne assez peu, même s’il y a des auteurs de grande qualité dans ce domaine. Je dirais qu’il faut écrire ce qu’on aime et ce qu’on aime lire. Je me souviens de cette belle phrase : “j’ai écrit les livres que j’aurais aimé lire”, c’est un peu ça. J’ai commencé à écrire parce que les livres que je lisais entraînaient une sorte de frustration.
Que préfères-tu dans l’activité d’écrivain ? Est-ce le travail de recherche, le temps d’écriture, la réécriture ou les échanges avec tes lecteurs ?
Toutes les étapes ont leur importance et je les apprécie toutes. En bonne historienne et journaliste, la phase de recherche n’a rien d’une corvée à mes yeux, j’aime écumer de la documentation… parfois pour écrire trois mots dans le roman final !
L’écriture en soi est un moment particulier, à la fois jouissif et pénible. Quelquefois il faut se faire violence pour écrire trois phrases, alors qu’à d’autres moments, on ne peut plus s’arrêter. Quelquefois ça bloque, sans qu’on sache pourquoi. Il faut savoir s’arrêter et laisser les choses se décanter. Avant même d’écrire et de faire des recherches, il y a un long moment de maturation où les idées bouillonnent dans le cerveau.
J’aime aussi la phase de réécriture, contrairement à beaucoup d’écrivains, car c’est là que je retravaille vraiment mes phrases, je soigne le texte. Pendant la phase d’écriture, je suis plutôt sur l’action, le scénario, l’enchaînement des scènes. En écrivant, je raconte, en réécrivant, je cisèle.
Les échanges avec les lecteurs sont importants, mais ce n’est pas forcément ce après quoi je cours. C’est paradoxal, mais je suis quelqu’un d’assez secret, même si en public je suis assez à l’aise. J’aime cependant avoir le retour des lecteurs sur ce que j’écris, que ce soit négatif ou positif, car c’est ainsi que je progresse.
As-tu une routine d’écriture ?
J’écris souvent le soir, après le dîner. A l’occasion de mon déménagement, j’ai pris une disponibilité pour me consacrer à l’écriture, je vais donc pouvoir organiser mes journées différemment, mais si je suis plus productive le matin, je suis plus créative le soir et en fin d’après-midi.
Je n’ai pas tellement de routine, j’écris sur mon ordinateur un peu n’importe où, avec ou sans musique, ça dépend. J’aime prendre un thé, regarder la mer, me renverser dans mon fauteuil de bureau pour regarder mes chats ou les oiseaux qui picorent dans la mangeoire. Ce qui est sûr, c’est que lorsque j’écris, je m’isole dans ma bulle : même si le reste de la famille regarde la télé à trois mètres, moi je suis dans mon roman.
Tu as participé à des concours littéraires et reçu un prix pour deux de tes romans. Que cela t’a-t-il apporté en tant qu’auteure ?
Cela m’a apporté une reconnaissance, une légitimité. Si je n’avais pas eu ce premier prix, en 2014, je n’aurais peut-être pas encore sauté le pas de l’auto-édition. Je pense qu’un auteur a constamment besoin d’être rassuré sur ce qu’il écrit.
C’est ce que je cherche aussi dans l’édition traditionnelle : la bénédiction de l’éditeur ou plutôt sa caution, même si elle ne vaut que ce qu’elle vaut, chaque éditeur ayant ses impératifs, ses objectifs et ses stratégies.
Quels sont tes projets pour les mois et années à venir ?
Comme je le disais, j’ai profité de mon installation en Loire-Atlantique pour faire un pari. Je suis fonctionnaire territoriale et j’ai pris une disponibilité (c’est-à-dire un congé sans solde) pour me lancer dans la rédaction web en direction des entreprises, mais aussi pour me consacrer à l’écriture de mes romans et en publier à nouveau (ma dernière publication date de fin 2018).
Actuellement, je termine les corrections éditoriales de mon sixième roman, une romance historique pour une nouvelle collection Harlequin qui sortira courant 2020. Ensuite, je vais reprendre l’écriture de mon septième roman, contemporain cette fois, pour viser une parution fin 2020 ou début 2021. Le troisième tome de la saga des Lumières est en gestation dans ma tête, mais je ne m’y attaquerai qu’en 2021. Et j’ai déjà une idée pour le roman suivant (contemporain). Bref, j’ai de quoi m’occuper !
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Je tiens à remercier chaleureusement Lynda Guillemaud d’avoir pris le temps de répondre à mes questions. Si vous souhaitez découvrir ses écrits, vous pouvez les retrouver sur son site Internet ou sur Amazon. Vous pouvez également suivre son actualité sur Facebook, Twitter et Instagram.