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Discussion avec Philomène Frébault

Vous avez été nombreux à réagir positivement à l’interview que j’ai postée en octobre, mettant en lumière le parcours d’autrice d’Augustine Castillon. Afin de continuer sur cette lancée, je vous propose aujourd’hui de faire connaissance avec une autre primo-romancière. J’ai eu le plaisir, ces dernières semaines, d’échanger avec Philomène Frébault. A son tour, elle a accepté de se prêter au jeu des questions-réponses.
Avant d’en apprendre davantage sur son expérience, voici le synopsis de son roman, Écris-le ou les Mémoires du Maître du Monde :

Crédit de l’image de couverture du roman : iStock.com/Peshkova

Le monde de Xiong Xuan, chef des triades rebaptisées Griffe d’Or et PDG de la société d’informatique Jiao, est un monde où règnent en maître l’argent, le crime et le pouvoir. Cet homme d’affaires impitoyable a banni tout sentiment de son cœur. Mais la rencontre avec son neveu adoptif va bouleverser sa vie…
« Le fils de l’empereur doit régner sur le royaume, car c’est son héritage de sang. Mais un fils d’empereur ne peut être lâche. » Telle est l’opinion de Xiong Xuan après sa rencontre avec son neveu adoptif, qu’il envisage de désigner comme son successeur. Cet homme qui incarne l’amour et la bonté n’a pas sa place dans le monde du chef des triades… Aussi, très vite, ce dernier va s’enfoncer davantage dans les abîmes de sa noirceur et persécuter celui qu’il avait tout d’abord aimé… Cependant, la haine résistera-t-elle éternellement à l’amour ?
En 2017, Xiong Xuan écrit ses mémoires et revient sur son passé. Bien malgré lui, il réalisera l’importance du cœur…

Écris-le ou les Mémoires du Maître du Monde, publié le 11 avril 2023, est votre premier roman. Quelles ont été vos sources d’inspiration ?

Mon inspiration provient avant toute chose de mon intérêt pour les antihéros, aussi bien fictifs que réels. L’univers du crime organisé m’est familier, notamment grâce à de nombreux films, séries télévisées et livres que j’ai eu la chance de découvrir. Au cours de l’élaboration d’Écris-le ou les Mémoires du Maître du Monde, de nombreuses œuvres cinématographiques ont nourri mon imagination grâce à des détails narratifs. Diverses musiques ont également eu leur part d’influence sur mon écriture. Mais le trophée de l’inspiration revient incontestablement aux films de la série James Bond produits par EON Productions, qui content les aventures du héros éponyme créé par Ian Fleming. Le principal antagoniste de la série James Bond, à savoir le chef du SPECTRE nommé Ernst Stavro Blofeld, a profondément influencé le personnage de Xiong Xuan, alias le Maître du Monde. Les deux hommes présentent de nombreux points communs : la mégalomanie, la cruauté, le désir de dominer le monde, mais également une passion quelque peu insolite pour les animaux. En effet, Blofeld apprécie tout spécialement la compagnie des chats et des piranhas. Quant à Xuan, il partage son quotidien avec des crocodiles.
Il faut souligner que Blofeld figure parmi mes antihéros préférés (je possède d’ailleurs une bague ornée du symbole du SPECTRE, la pieuvre). Notons aussi que je me passionne pour la période de la prohibition ainsi que pour les gangsters italo-américains. J’ai lu des ouvrages tels que Ma vie d’Al Capone ou bien encore Lucky Luciano, testament de Martin A. Gosch et Richard Hammer, édités par La Manufacture de livres.
Mon autre principale source d’inspiration réside dans l’accumulation de réflexions philosophiques. En effet, j’ai eu la chance d’écrire mon roman au sein d’une ancienne demeure qui était autrefois un prieuré. Mais ma volonté d’écrire Écris-le ou les Mémoires du Maître du Monde résulte d’une expérience récurrente vécue à chacune de mes rencontres avec une œuvre artistique. Lorsque je regardais un film ou bien que je lisais un livre, je voyais se dérouler dans mon esprit toute l’évolution vers le bien que le ou les antagonistes auraient pu vivre si leur créateur (écrivain ou scénariste) leur en avait laissé l’occasion. De tous les romans passés entre mes mains, aucun ne contait l’évolution positive d’un antihéros. Ils se contentaient d’explorer le schéma binaire de la dualité ou n’osaient pas complètement s’aventurer sur la voie de l’ambivalence pure, laissant l’antihéros dans un état stationnaire à mi-chemin entre le bien et le mal. J’ai donc voulu sortir de ce schéma qui considère qu’un individu parvenu aux confins de la noirceur se trouve à un point de non-retour. J’ai souhaité montrer qu’il s’avérait possible qu’un méchant effectue un virage à 180 degrés. Aussi, j’ai choisi d’emprunter la voie de l’ambivalence et de lui donner une voix.

Pourriez-vous nous raconter deux anecdotes inédites sur l’écriture de votre roman ?

La première anecdote concerne le personnage de Bornéo, le neveu adoptif de Xiong Xuan. Un antagoniste secondaire d’un roman d’espionnage dont le récit se déroule principalement à Londres m’a inspiré le personnage de Bornéo. Paradoxe suprême, la création du personnage qui incarne le bien dans mon œuvre procède d’un antihéros ! Ce processus littéraire s’inscrit à merveille dans la démarche alchimique de mon roman. Bornéo est né du plomb pour devenir de l’or, à savoir un catalyseur de transformation intérieure positive.
La seconde anecdote se rapporte à mon roman même. Tout au long de l’élaboration de ce dernier, de nombreuses synchronicités ont jalonné mon parcours d’auteure. Il m’arrivait souvent de découvrir le nom d’un de mes personnages dans un film, un livre, sur un objet, de reconnaître une situation vécue par l’un de mes personnages dans une œuvre, et bien d’autres encore ! Cette magie omniprésente au cours de l’écriture se poursuit aujourd’hui. Écris-le ou les Mémoires du Maître du Monde produit un puissant impact sur les lecteurs. En effet, j’ai pu constater à différentes reprises que la magie opérait. Plusieurs personnes ont relevé un étrange phénomène. Elles se sont aperçues que des éléments de l’histoire de mon roman correspondaient à leur vie personnelle ou bien encore à la situation dans laquelle elles se trouvaient au moment de la lecture. Cependant, le vécu de chacune de ces personnes ne présentait aucune similarité. Il semblerait que l’histoire de mon roman s’adapte au parcours de chaque lecteur et puisse lui délivrer un message personnalisé.

L’intrigue se déroule à Londres et met en scène les triades chinoises. Comment avez-vous eu l’idée de mélanger ces cultures ?

Deux romans m’ont incitée à mêler la culture anglaise et la culture chinoise. Le premier est le roman d’espionnage mentionné plus tôt, qui m’a inspiré le personnage de Bornéo. Depuis la lecture de cet ouvrage, je me sens fascinée par l’ambiance intemporelle de la capitale de l’Angleterre et du Royaume-Uni. Notons que la culture anglaise et la culture chinoise, bien que très différentes, présentent deux points communs, à savoir une propension des natifs à l’impassibilité ainsi que la cérémonie du thé. Je me suis dit que le pays d’Europe de l’Ouest où Xiong Xuan aurait le plus de facilité à s’adapter aux us et coutumes serait le Royaume-Uni, et plus précisément, l’Angleterre.
Le second, découvert lors d’un déplacement professionnel, a joué un rôle déterminant dans mon écriture. Il s’agit du roman Le mandarin noir, de Heinz G. Konsalik. En lisant cet ouvrage, j’ai décidé que Xiong Xuan régnerait sur un empire criminel constitué des triades chinoises. J’ai jugé intéressant de centrer l’histoire de mon roman autour des actions des triades hors de leur pays natal. Leur internationalisation prend sa source dans la réalité, car la plupart d’entre elles se trouvent présentes dans divers endroits du monde tels que l’Europe. Toutefois, les triades sont en vérité indépendantes les unes des autres, contrairement à la structure groupée que je leur ai prêtée dans mon roman pour les besoins de la fiction.

Vous avez décidé d’autoéditer votre roman et d’assurer sa promotion, notamment sur LinkedIn et Youtube. Qu’est-ce qui vous a poussée à faire ce choix ?

Au terme de l’année 2021 et après sept années d’écriture, j’ai décidé qu’Écris-le ou les Mémoires du Maître du Monde rencontrerait son public. J’ai mené des recherches afin de m’informer sur les différentes méthodes existantes pour éditer un ouvrage et matérialiser mon projet. J’ai ainsi découvert l’autoédition. Opter pour l’autoédition m’est aussitôt apparu comme une évidence. Il convient de mentionner que je suis de nature indépendante et autodidacte. Forte de ma capacité à apprendre rapidement de nouvelles compétences, je me sentais pleinement apte à éditer mon roman. Je souhaitais de plus conserver le contrôle sur toutes les étapes de création d’Écris-le ou les Mémoires du Maître du Monde, notamment en raison du fait que chaque scène et chaque phrase participent à son harmonie globale. Aussi, je ne pouvais envisager de modifier certains passages pour des besoins éditoriaux. J’ai donc assuré la gestion complète de l’édition de mon livre.

Quels sont vos projets pour les mois et années à venir ?

Actuellement, je travaille à l’écriture du second tome de la série Confidences de l’Ombre, qui constitue non pas la suite d’Écris-le ou les Mémoires du Maître du Monde, mais un récit dont l’histoire se déroule parallèlement au temps de mon premier roman. Il faut rappeler que la série Confidences de l’Ombre repose non pas sur la chronologie, mais sur l’exploration du vécu des différents personnages de mon univers de fiction. Chaque nouveau tome de la série représentera un focus sur des personnages secondaires d’Écris-le ou les Mémoires du Maître du Monde afin d’offrir un panorama aussi riche que l’âme humaine.  Outre l’écriture de ce second roman, je vise à me rapprocher d’associations qui s’engagent pour améliorer le bien-être des détenus et favoriser leur réinsertion. J’aspire depuis mon plus jeune âge à œuvrer auprès des individus incarcérés, afin de les guider sur le chemin de l’espoir, de la résilience, et d’une transformation intérieure positive. Cette démarche-passion se révèle connexe à mon profond intérêt pour les antihéros.

Je tiens à remercier Philomène Frébault pour le temps qu’elle m’a accordé. Pour découvrir son roman et en apprendre davantage sur son parcours d’autrice, vous pouvez consulter son profil LinkedIn, sa chaîne Youtube – La Plume au service du Mystère – ou sa page d’auteure sur Amazon.

2 réflexions au sujet de “Discussion avec Philomène Frébault”

  1. Merci pour cet interview passionnant. J »ai lu et beaucoup aimé le roman de Philomène Frebault. J’ai apprécié le fait de découvrir les oeuvres qui ont inspiré son roman et la manière dont elles ont fusionné avec son esprit pour créer un récit que j’estime magistral, une alchimie ainsi qu’elle l’explique très clairement : alchimie en elle qui a génèré celle du roman. C’est également fort intéressant de savoir pourquoi elle a choisi de nous placer face à la personnalité complexe d’un anti héros, à son destin étonnant, de nous faire vibrer au rythme des épreuves le guidant vers la résilience. Quand au phénomène de synchronicité qui l’a accompagnée tout au long de son écriture, correspondant à ce que je vis lorsque j’écris moi-même et sans doute à la plupart des auteurs, c’était bien de « l’entendre » nous en parler. Ses motivations quant à la décision de s’auto-éditer sont les miennes, et je trouve sa manière de nous les exposer tout à fait claire et convainquante. Je vous recommande la lecture de ce premier roman, parfaitement maitrisé, et qui annonce plusieurs ouvrages destinés à explorer « le vécu des différents personnages de son univers de fiction ». Je les lirai à coup sûr. Je souhaite bonne route à la carrière littéraire de Philomène Frebault, qui débute en beauté.
    Caroline Comte, auteure depuis 2010.

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    1. Merci beaucoup pour votre commentaire, Caroline ! Je suis ravie que l’interview vous plaise et qu’elle vous ait permis de mieux comprendre le processus d’écriture de Philomène.
      N’hésitez pas à consulter mes autres interviews d’auteurs, si ce n’est pas déjà fait. Vous trouverez peut-être de nouveaux univers à découvrir.

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