La semaine dernière, j’ai partagé avec vous mon ressenti sur le roman Fragil(e)s : entre deux horizons de Bénédicte Bizet. Dans ce nouvel article, je vous invite à en apprendre plus sur le parcours, le processus d’écriture et les projets de l’autrice. En effet, cette dernière a accepté de répondre à quelques-unes de mes questions pour vous permettre de plonger dans son univers.
Avant de découvrir ses réponses, voici le synopsis de son premier livre :

Entre deux horizons est une œuvre romancée, mais profondément ancrée dans la réalité.
À travers l’histoire de Julie, le roman explore les choix impossibles, les dilemmes moraux et les remises en question que la vie impose parfois.
Premier volet de la trilogie Fragil(e)s, ce récit est une quête d’émancipation, un écho des réflexions de l’auteure sur la fragilité et la force humaines.
Avec cette œuvre, l’auteure souhaite offrir aux lecteurs un récit sincère, intense et universel, qui questionne les normes et invite à regarder la vie avec plus de nuances.
Avec Fragil(e)s : entre deux horizons, vous faites vos premiers pas en tant qu’autrice publiée. Quel a été votre lien avec la littérature jusqu’ici ?
Depuis toujours, j’ai eu besoin d’écrire, sans forcément mettre ce besoin en lumière. Écrire, c’est ma manière de poser les choses, de créer de la clarté dans ce qui, parfois, échappe au sens. Très tôt, j’ai été une grande lectrice : les histoires m’ont aidée à comprendre les autres, à me comprendre aussi, à mettre de l’ordre dans ce qui déborde.
C’est sans doute ce qui m’a menée à faire des études de lettres, puis à devenir enseignante de français. Transmettre les textes et les mots, cela fait partie de ma vie. Mais l’envie d’écrire, elle, est restée plus secrète, plus personnelle aussi.
Fragil(e)s est mon premier roman publié, mais il s’inscrit dans ce chemin d’intimité avec la littérature. Parmi les auteurs qui m’ont marquée, Camus tient une place importante — non pas que je me compare à lui, bien sûr, mais parce que sa manière de parler du doute, de l’absurde, et malgré tout, de chercher du sens, résonne profondément en moi. Écrire, c’est peut-être cela pour moi : tenter de trouver du sens là où il semble manquer, à travers des histoires ancrées dans le réel, traversées par les émotions.
Fragil(e)s : entre deux horizons est le premier tome d’une trilogie. Comment vous est venue cette idée de projet ?
Dès le départ, je savais que ce serait une trilogie. Fragil(e)s est une autofiction, un roman personnel profondément ancré dans l’intime, et il me fallait de l’espace pour explorer tout ce que je voulais dire, sans forcer, sans raccourcir.
Il y avait une trajectoire intérieure, un chemin de reconstruction, qui ne pouvait pas tenir dans un seul volume. J’avais besoin de temps, de souffle, pour déplier les différentes étapes : l’effondrement, les prises de conscience, le retour à soi, mais aussi les liens aux autres, les héritages familiaux, les silences.
Dès l’écriture des premières pages, j’ai ressenti que ce récit ne serait pas un bloc, mais un mouvement en trois temps. Comme une mue, en trois couches. Il n’y a pas de coup de théâtre, pas de structure classique — juste un corps, une voix, une femme qui se relève lentement, et qui cherche à comprendre ce qui s’est joué.
Tout au long de votre récit, vous abordez des sujets à la fois intimes et universels. Quels sont les messages et valeurs que vous souhaitez transmettre à travers vos personnages ?
Je n’ai pas écrit Fragil(e)s avec l’intention de faire passer un message au sens fort du terme. J’ai surtout ressenti le besoin de dire, de poser des mots sur des sensations, des silences, des états qu’on garde souvent pour soi. Ce que j’ai voulu explorer à travers mes personnages, c’est ce qui se joue en dessous : en dessous des apparences, des rôles sociaux, du quotidien.
Il y a une femme qui, à force d’être dans le don, dans l’adaptation, dans l’effacement, ne sait plus très bien qui elle est. Elle n’est ni héroïne ni victime, elle traverse. Et je crois que c’est ça, au fond, qui me tient à cœur : raconter cette traversée, et dire qu’on peut en sortir autrement. Pas indemne, mais lucide, debout.
Si une valeur devait émerger, ce serait peut-être celle de la reconquête de soi. De la voix. De l’espace intérieur. C’est un récit de reconnexion. J’espère que celles et ceux qui le liront y verront un reflet, une force douce, ou simplement l’autorisation de ne plus faire semblant.
Le voyage est un thème omniprésent dans votre histoire. Les lieux jouent-ils un rôle particulier dans votre manière d’aborder l’écriture ?
Oui, clairement. Les lieux ont une mémoire, une texture, un silence. Ils marquent les corps et les esprits. Pour moi, ils ne sont jamais neutres. Je ne décris pas un paysage pour faire joli : j’y cherche une résonance intérieure. Dans Fragil(e)s, les endroits traversés — une crique, une chambre, un escalier, une île, une route — sont autant de points d’appui ou de glissements. Ils révèlent ce qui se passe à l’intérieur des personnages, parfois même avant qu’eux ne s’en rendent compte.
Et puis, le voyage est souvent une fuite déguisée. On part pour oublier, pour se perdre, et parfois on se retrouve. Ou pas. Ce mouvement-là m’intéresse. Il permet d’éclairer différemment les émotions, de faire remonter les souvenirs, de créer des frottements entre ce qu’on voit et ce qu’on ressent.
Dans mon écriture, les lieux ont donc une fonction presque organique : ils respirent avec les personnages, ils les portent, les confrontent ou les protègent. Et certains, comme la mer ou la lumière d’un soir, deviennent même des personnages à part entière
Quels sont vos projets pour les mois et années à venir ?
Dans un premier temps, j’aimerais accompagner la sortie de Fragil(e)s, aller à la rencontre des lecteurs, prendre le temps d’échanger. C’est à la fois un moment très exposé et très précieux, que j’appréhende un peu, mais que j’attends aussi avec beaucoup d’émotion.
Je travaille déjà sur le tome 2, qui poursuit cette même trajectoire, mais avec un autre souffle, un autre angle. Je n’ai pas envie de faire plus ou mieux : j’ai envie de continuer à écrire depuis le même endroit intérieur, avec sincérité et nuance.
À côté de cela, j’ai aussi d’autres projets en cours, plus inattendus peut-être. J’ai notamment écrit, pendant le confinement, le premier tome d’une trilogie de fantasy. Un tout autre registre, mais qui me tient à cœur. Il y a encore du travail dessus, bien sûr, mais j’aimerais un jour l’amener jusqu’à la publication. Parce que la littérature, pour moi, c’est aussi l’imaginaire, l’échappée, la liberté de changer de monde quand celui-ci devient trop étroit.
Et surtout, j’espère continuer à écrire longtemps. Écrire est devenu un espace à moi. Un endroit d’où je repars.
Je tiens à remercier Bénédicte Bizet pour le temps qu’elle m’a accordé. Pour découvrir son roman et en apprendre davantage sur son parcours d’autrice, rendez-vous sur Amazon et Instagram. Son livre est également disponible sur le site de MVO Éditions.